Dos à Dos, Face à Face
Laurena Finéus, Kezna Dalz, Sfiya, Esther Calixte-Bea & Sarah-Mecca Abdourahman
3 mars - 17 avril 2022
« Dos à dos, face à face, donnez-vous la main et changez de place » : ainsi va la comptine que l'on chantait étant enfant. Ce qui n’était auparavant qu'un jeu, revêt étant adulte un sens poétique d'unité et d'appel à mouvoir notre corps pour lui proposer d’autres perspectives. Laurena Finéus, Kezna Dalz, Sfiya, Esther Calixte-Bea et Sarah-Mecca Abdourahman nous invitent à jouer et à habiter leurs espaces. À travers leurs arts et héritages, elles nous offrent dans l'exposition Dos à Dos, Face à Face leurs interprétations visuelles de ce qu’est et peut être un corps en mouvement.
Mobilité physique, mentale, sociale ou politique, nos corps mêmes immobilisés sont animés par nos mémoires et nos présences. Ils persistent à se mouvoir. Peindre un corps, le figer sur un canevas, c’est s’accorder la possibilité de l’asseoir, l’observer et l’approcher le temps d’un instant. D’arrêter le mouvement pour mieux le comprendre, le regarder, l’accepter, l’aimer.
Dans leurs dynamisme, prestance, symbolismes, tonalités et éclats, les œuvres de ces cinq artistes nous commandent à réfléchir à la représentation de nos corps et leurs impacts sur la construction de nos imaginaires. Le geste peut dès lors se comprendre contestation, décolonisation, révolte ou réappropriation d’un espace de domination, mais surtout vœu de réconfort, d’acceptation, d’amusement, de création d’expériences positives, de vie.
- Hanna Zeïda, commissaire
Mobilité physique, mentale, sociale ou politique, nos corps mêmes immobilisés sont animés par nos mémoires et nos présences. Ils persistent à se mouvoir. Peindre un corps, le figer sur un canevas, c’est s’accorder la possibilité de l’asseoir, l’observer et l’approcher le temps d’un instant. D’arrêter le mouvement pour mieux le comprendre, le regarder, l’accepter, l’aimer.
Dans leurs dynamisme, prestance, symbolismes, tonalités et éclats, les œuvres de ces cinq artistes nous commandent à réfléchir à la représentation de nos corps et leurs impacts sur la construction de nos imaginaires. Le geste peut dès lors se comprendre contestation, décolonisation, révolte ou réappropriation d’un espace de domination, mais surtout vœu de réconfort, d’acceptation, d’amusement, de création d’expériences positives, de vie.
- Hanna Zeïda, commissaire
Sélection d'œuvres
Dans sa série « Pour ses Passagers du vent », Laurena Finéus explore l'apatridie, la demande d'asile et le contrôle immoral des voies navigables - particulièrement en rapport à la crise migratoire haïtienne qui sévit depuis les années 1980. Sa recherche est particulièrement ancrée autour de la base navale américaine de Guantanamo Bay qui renfermait des Haïtiens et Cubains dans ses camps entre 1991 à 1994 . Welcome to the indefinite home of the Haitian rafters présente plus en détail les conditions déplorables de ces « camps ». Nous y voyons des Haïtiens faisant bravement face au regard du spectateur. Laurena Finéus, Welcome to the indefinite home of the Haitian rafters Acrylique et huile sur canevas, 36" x 48", 2021 |
Le tableau Buckingham Palace de Sarah-Mecca Abdourahman propose une lecture décoloniale de la figuration noire et brune. Elle fonctionne comme une stratégie de refus envers l'effacement. Les figures sont perçues comme prospérant et prenant possession des espaces blancs. Cette peinture emploie des images occidentales célèbres et remplace les figures par des membres de sa famille. Il s'agit également d'une stratégie de réclamation de la culture de l'artiste. Le processus qui consiste à occuper ces espaces pour y remplacer les personnages par les membres de la famille d'Abdourahman est un mouvement symbolique d’appropriation ou réappropriation. Sarah-Mecca Abdourahman, Buckingham Palace Huile et techniques mixtes sur toile, 48” x 72”, 2021 |
Par son travail, Esther Calixte-Bea défie le manque de diversité dans l'industrie de l'art québécois et confronte les standards de beauté eurocentriques en s'attaquant au tabou de la pilosité féminine et en la glorifiant sur les corps de ses personnages féminins noirs. Le tableau l'Art de l'Interprétation illustre des femmes dans une classe, qui peignent ou dessinent un modèle. Chaque femme représente ce qu'elle voit d'une facon unique et à travers leurs dessins on peut voir qu'elles dessinent une femme blanche. Cette toile adresse les effets de la colonisation sur l'identité africaine, ses complexités et les standards de beauté. Esther Calixte-Bea, The Art of Interpretation Acrylique sur canevas, 35" x 40", 2020 |
Dans L'Bnate de Sfiya, on trouve trois plans et trois femmes qui regardent dans trois directions différentes. Leurs corps muets, leurs pensées en mouvement et cette immense mélancolie qui les ramène l’une vers l’autre. Un intérieur déchainé dans lequel elles finissent par se perdre. Se retrouver dans un salon de coiffure c’est se retrouver à l’intérieur de soi. Soit on s’y cajole, soit on s’y lapide. Coincés entre un miroir et un sèche cheveux. Le temps se tait pour laisser bavarder nos sentiments. Et le temps d’une coiffure devient tant de confidences, de rires et de larmoiements. C’est ainsi qu'elle était femme parmi les femmes. Silencieuse et bruyante à la fois. Sfiya, L'Bnate Peinture à l'huile et pastel sur canevas, 48" x 36", 2021 |
L'oeuvre The Pals and I Looking Out For Each Other Because If Not, Who Will ? de Kezna Dalz, fidèlement à la pratique générale de l'artiste, est une célébration du corps féminin ou non-binaire, dans toute sa beauté et son état naturel, cru. Sans pression, sans performance pour l'œil d’autrui. Il s’agit d’une démonstration d’un refus de se conformer aux attentes trop souvent imposées en termes de standards de beauté et d’état psychologique. Ici, les personnages représentés s’acceptent, sont ouvertement vulnérables et affichent une liberté transparente et fluide. Kezna Dalz, The Pals and I Looking Out for Each Other Because If Not, Who Will? Acrylique sur canevas, 28" x 22", 2021 |
Pour découvrir le profil des artistes :